I- Les Origines
Une fois n'est pas coutume, les origines des «proto-druides » sont assez nébuleuses. Tout juste sait-on qu'ils étaient probablement humains à l’origine [1][2], très probablement des krytiens, vu la situation géographique de cette région par rapport à la jungle de Maguuma, leur « habitat » postérieur.
Ainsi, deux sources majeures sont à notre disposition pour comprendre cette période:
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La première est L'Histoire de la Tyrie, volume 1*, par Thadeus Lamount [3], qui place l'apparition et la migration de ce peuple dès les origines de l'humanité en Tyrie, sans citer de date précise. Cependant, on peut douter de la véracité du contenu de ce document en contextualisant sa rédaction. (Voir l’article sur Abaddon).
En effet, ce document a été écrit par des humains, pour des humains, à une époque où les humains dominaient littéralement toute la Tyrie. Certains des textes qu’il contient sont inexacts et clairement orientés afin que l’histoire tyrienne s’écrive autour de celle des humains. (On y retrouve entre autres que les Oubliés seraient apparus spontanément aux alentours de 1769 Av.E., invoqués par les Six afin de guider les humains et les autres créatures. Au passage, cette erreur est régulièrement véhiculée comme sur des documents de large diffusion, comme sur le wiki[4].) -
La seconde se trouve être des témoins oculaires encore en « vie » pour en parler puisqu'il s’agit bel et bien de plusieurs de ces druides (sous forme spectrale). Ce petit groupe d’individus s'avère être une source inestimable d’informations pour la suite de cet article. Localisés au Mont Draconis (Guild Wars 2) [5], ces druides se nomment aujourd'hui Kodama [6], Grand-Feuille [7], Liriodendron [8] ou encore Bois de Rose. [9] Ils peuvent être questionnés si le personnage a en sa possession les bons éléments.[2:1]
Toujours est-il qu'à un moment de leur histoire, cette population (ou cette/ces « tribu(s) ») [1:1], apparemment très pieuse et liée à la déesse Melandru, décida de s'exiler dans la jungle de Maguuma à l'ouest du continent pour une raison qui ne nous est pas (encore ?) connue. Volonté religieuse de se rapprocher de leur déesse ? Nécessité plus impérieuse ? Nous n’en avons pas encore la réponse à l’heure où j’écris ces lignes. Les événements qui suivirent directement cet exil ne sont guère davantage renseignés. Aujourd’hui, nous en ignorons à peu près tout : du nombre de colons qui s’installèrent sur ces terres ou même de l’échelle de temps sur laquelle s’étend cet exode. Cependant, certains indices, des constructions visibles dans la jungle Maguuma vers 1072 Ap.E., tendraient à prouver que, dans un premier temps et pour une durée imprécise, ils vécurent de manière « conventionnelle » dans des villages traditionnels avec un style architectural caractéristique. (Nous y reviendrons plus bas.)
À un moment toujours indéterminé de leur histoire, ils voulurent, pour des raisons « religieuses » ou tout du moins « spirituelles », pousser à son paroxysme leur vénération de Melandru, souhaitant ne faire qu’un avec la jungle et, par extension, avec la nature. Les plus dévots, d’abord, et tous ceux qui le désiraient ensuite, entreprirent un rituel pour fusionner avec l’esprit de la jungle et se rapprocher de la voix [sic] [6:1] de Melandru. Au terme de celui-ci, ils avaient abandonné leur enveloppe charnelle et se présentaient désormais sous la forme de tréants spectraux. Ainsi, ils devinrent de facto les « Gardiens » de cette nature qu'ils avaient juré de protéger.
Si la nature exacte de leurs pratiques nous est en majorité inconnue, quelques bribes de réponses sont accessibles en 1072 Ap.E. dans les Saugeterres à l’est de Maguuma. Lors d’une quête secondaire, le personnage est en mesure d'assister à l'un de ces rituels, [10] peut-être destiné à entretenir le lien des druides avec la jungle:
Retranscrit clairement, cela donne :
« Nous ne sommes rien, nous ne faisons qu'un. »
« Tout ce qui existe doit être. »
« Être n'est qu'une façade. Agir est une illusion. »
« Tout ce qui existe doit être. »
« Ces eaux nous renouvellent. Ces eaux nous conservent. »
« Tout ce qui existe doit être. »
« Le temps n'avance ni ne recule. Le temps est la pupille de la perception. »
« Tout ce qui existe doit être. »
« L'esprit voit des vérités imperceptibles par l'œil. »
« Tout ce qui existe doit être. »
Pendant un certain temps, ils vécurent en symbiose avec la nature, voués à leur déesse et occupant des lieux encore visibles en 1072 Ap.E. lors des événements de Guild Wars Prophecies. Tout indique que le Cromlech de Denravi fut un lieu de rassemblement régulier pour les Druides [2:2][8:1][7:1], considéré, faute de meilleur qualificatif, comme leur capitale.
Cependant, cette époque ne dura pas. Il s’avère qu’à partir de 1050-1060 Ap.E., la majorité des druides disparut subitement des terres de Maguuma.
Soit les descriptions "IG" dans Guild Wars Prophecies se contredisent. Soit il se peut aussi que "l'exode" se soit déroulé en plusieurs temps et par communautés différentes, ce qui expliquerait la disparité des dates.
À partir d'ici, nous pouvons poser deux hypothèses pour expliquer ce phénomène:
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La première associe cette disparition à une situation et un environnement défavorables. C’est que la jungle Maguuma est relativement hostile, et cela depuis bien avant le réveil de Mordremoth et de sa clique. Nous pouvons également envisager une possible dégradation des conditions climatiques. Quant au terrain, l’aridité globale des hauteurs se serait intensifiée graduellement, selon les écrits de Nicholas Sandford que l’on ne présente plus aux vétérans de Guild Wars. (Voir « L’histoire de la Cimesèche » [11], document que l’on peut trouver dans les ruines du village de Prospérité [12] en 1334 Ap.E. dans l’actuelle Cimesèche sur Guild Wars 2.)
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La seconde nous est fournie par le récit de Kodama [6:2], l’un des druides du Mont Draconis. Ce dernier nous apprend que leur lien avec Melandru, leur guide originel, est rompu depuis longtemps. En conséquence, nombre de ses congénères se sont murés dans le silence léthargique des Brumes, espérant des jours meilleurs.
« Après avoir goûté aux joies d'une époque paisible avec Melandru, nous, les druides avons perçu des changements s'opérer au plus profond de la Tyrie. Certains d'entre nous ont préféré plonger dans le sommeil, recherchant la solitude dans les Brumes » (Kodama, 1330 Ap.E.) [6:3]
Alors pourquoi, me direz-vous ?
Eh bien, il est possible qu'après l'Exode des Cinq d'Arah (vers 1Av.E.-0), Melandru, comme les autres dieux, a restreint le contact avec la Tyrie et donc avec ses fidèles. Ce sommeil aurait été une manière de réagir face à cette situation nouvelle sans leur guide. Cependant, il est aussi possible d’interpréter différemment les faits et d’élaborer une hypothèse plus ambitieuse:
« ...nous, les druides avons perçu des changements s'opérer au plus profond de la Tyrie... » (Kodama 1330 Ap.E)
Nous savons aujourd’hui que les Cinq ont pris conscience de la menace qu’ils représentaient pour la vie en Tyrie suite à la bataille contre Abaddon (vers 1Av.E.) [13]. Il est donc possible que les druides, qui possédaient une conscience aiguë de leur environnement, auraient à un moment pu avoir un aperçu ou une intuition de la menace future que sont les Dragons Ancestraux, comme sentir la présence de Mordremoth assoupi sous la Maguuma. En réaction, certains seraient entrés en sommeil et auraient tout simplement disparu de la surface de la Tyrie. Cette théorie suppose qu'un tel processus se serait certainement fait progressivement, étant donné qu’il se passe plus de mille années entre l'exode et la disparition quasi-totale des druides (1Av.E.-0 à 1050-1060 Ap.E.). Si peut-être certains se sont endormis dans les premiers temps, il y a fort à parier que d’autres individus l’ont fait au compte-gouttes.
Enfin, d'après les dires de Kodama [6:4] et de Liriodendron [8:2], un autre représentant de son espèce du Mont Draconis, tous ne se sont pas abîmés dans le sommeil. Certains sont restés et ont tenté d’assumer, seuls, leur rôle de Gardiens.
II- Une longue décadence
Ce « sommeil » des Brumes dont les causes exactes sont inconnues (soit la perte du contact avec Melandru, soit peut-être l’intuition de la « nouvelle menace » qu’allaient représenter les Dragons Ancestraux) est très vraisemblablement la raison de l’extinction progressive de cette civilisation/culture. Mais certains résistèrent [8:3]. À une époque non définie (certainement à partir de 942 Ap.E. au plus tôt), les derniers éveillés quittèrent le Cromlech, et pour quelques-uns Maguuma même, conscients qu'ils devraient désormais se débrouiller seuls. Selon les dires de Liriodendron, ils s'éparpillèrent un peu partout en Tyrie afin de créer de nouveaux foyers : des « jardins » ainsi qu’ils les appelaient.
Nous connaissons l'existence d'au moins l'un d'entre eux, perturbé lors des événements de 1330 Ap.E. : *le Mont Draconis *[5:1] qui d'après *Grand-Feuille *[7:2] fut l'un des premiers fondés. Située sous une partie de l’archipel des Îles de Feu bien à l’abri du monde extérieur et gardée par une poignée de ces derniers druides, cette grande caverne qui possède une faune et une flore propres, représente une source inestimable d’informations à propos de cette époque.
Il est intéressant de noter que selon ces druides, on peut constater deux choses:
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Premièrement, au cours de leurs récits, ils font mention d'autres « gens » (sympathisants ou réelles conversions en druides, difficile à dire) qui les auraient rejoint dans leurs havres.
(...)« Avec le temps, de plus en plus de gens ont découvert nos jardins cachés. Certains se sont laissé envahir par la tranquillité et se sont joints à nous dans une contemplation sereine. »[8:4] -
Deuxièmement, il existe très probablement encore quelques foyers bien cachés, mais sûrement très isolés, les druides ayant perdu le contact entre eux, [9:1] ce qui les rend d’autant plus vulnérables face à d'éventuelles agressions extérieures.
Hélas, leur emprise sur ces derniers bastions faiblit. Ainsi, à l'exemple du Mont Draconis, ces havres de paix et de verdure sont devenus plus sauvages : de nouvelles espèces plus invasives et plus destructrices s'y sont installées. En retour, les gardiens des lieux, influencés, sont devenus également plus violents, plus sauvages. [6:5] En témoigne notamment l'histoire de la fondation avortée de Rata Arcanum dans ce même Mont Draconis, à la suite de la chute de Rata Novus. [14] L’installation des Asuras et leurs projets d'exploitation de l'environnement ne plurent guère aux premiers maîtres de la région qui finirent, deux ans plus tard, par massacrer un à un les rescapés Asuras, ne laissant derrière eux que des carcasses de golems et quelques structures arasées.
Concernant le devenir de ces lieux, le meilleur service que nous pourrions leur rendre est de les laisser en paix, leur isolement étant sûrement l'une de leurs dernières protections. Ainsi, il est malheureusement à prévoir qu'ils finiront certainement par tous disparaître un jour ou l'autre.
III- Indices de présence, hypothèses et lieu(x) d'occupation(s)
Cette section va s’atteler à présenter différentes hypothèses d'occupations fondées sur diverses observations effectuées au sein de la jungle de Maguuma (essentiellement en 1072 Ap.E., la presque totalité des structures ayant déjà disparu en 1328 Ap.E.) dont certaines soulèvent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses. Ainsi, avant d'aller plus loin, cher lecteur, il est important de situer chronologiquement tout ce qui a été dit jusqu'ici.
On trouve, au sein de la jungle de Maguuma, plusieurs types de sites, chacun spécifique du milieu d’une région particulière:
- Habitat aride
Ce type d'occupation, que l’on rencontre uniquement sur les hauteurs arides, se retrouve un peu partout dans la jungle. Elle se compose généralement de structures d'habitations clairement identifiables avec des installations de subsistance comme des greniers, des fourneaux, etc. Elles sont destinées à une population ayant des besoins proche de ceux des humains. On notera d'ailleurs une des concentrations les plus importantes, dans la zone de la Cimesèche et la seule pour laquelle on dispose d'une documentation, déjà citée, l'histoire de la Cimesèche.[11:1] Il est bien possible qu’il ait été un grand centre d’occupation à une époque reculée :
« ...Bien qu'il offre désormais le spectacle d'une terre désolée, il est possible que ce bassin rond ait pu accueillir de l'eau il y a plusieurs millénaires. Il est maintenant recouvert de sable balayé par les vents, un sable dur qui érode aussi bien les roches que les habitants... »
« …Des êtres intelligents ont autrefois bâti des maisons quelque peu fragiles, perchées sur les flancs de falaise. Certaines sont encore visibles mais cèdent de plus en plus aux tempêtes de sable et aux rayons ardents du soleil... » (…)
Ce type d'habitat est visible quasiment dans chaque zone de Maguuma. C’est aussi celui que l'on retrouve en plus grand nombre. (Liste non-exhaustive)
- habitat de la jungle
Le second type d'occupation concerne les couches «inférieures » de la jungle, celles au plus près de la végétation et de l'eau. Ici, les caractéristiques divergent : ce ne sont plus que des habitats isolés et qui se subdivisent en deux catégories distinctes:
Les habitats «mixtes » :
A mi-chemin dans la conversion vers le végétalisme pur, ce sont souvent de petits regroupements dont la structure présente une large partie en bois. On les retrouve généralement à proximité des points d'eau importants. On notera très souvent la présence de bandes de centaures dans les environs, ce qui en fait peut-être, à défaut d'autre chose, leurs « villages » ou leurs lieux de rassemblement, mais cela reste difficile à définir.
Les habitats de Maguuma :
Ce sont ceux les plus en osmose avec la jungle, que l'on distingue à peine. On identifie quelques structures éparses et quelques regroupements, notamment près du lac des Contrées sauvages [15] où l’on observe environ une dizaine d'habitations de hauteur.
À partir de ces constats et comme nous n’avons à peu près aucun indice textuel, ces sites peuvent être interprétés de différentes manières:
- Les différents types correspondent aux habitats d’espèces différentes. Ainsi, il pourrait s’agir de constructions centaures, seul autre peuple que les druides capable d’édifier de tels bâtiments dans la région. ( En 1072 Ap.E), D’ailleurs, ces derniers sont également cités dans L'Histoire de la Cimesèche [11:2].
« ...Des meutes de centaures passent par ici lors de la migration ; il semblerait qu'ils se soient bâti un refuge ici. Il est possible qu'un arbre au tronc particulièrement large ait fait partie de leurs arbres sacrés... »
- Les différents villages correspondent aux vieilles occupations des «proto-druides» (en particulier les constructions des hauteurs arides), c'est-à-dire datant de l’époque où tous les druides n'étaient pas encore transformés en esprits. Cette hypothèse bien qu'étonnante (on parle quand même d'édifices ayant plus de neuf siècles) est suggérée de différentes façons, notamment dans un dialogue au cours de la quête principale de Guild Wars Prophecies lors de l’arrivée du personnage à la clairière de l'Aurore. En parlant à Gretchen l'ancienne, il est clairement indiqué que la Lame Brillante se serait installée dans d'anciens villages de druides.
Quant à savoir à quoi correspondent les différents types listés plus haut, difficile à dire : peut-être des étapes différentes de leur rapprochement avec la nature ou tout simplement des vagues différentes de colonisation.
En conclusion, les druides sont un peuple bien mystérieux n’ayant laissé que d'infimes indices sur la vie « d'avant » la transformation. Dans l'état actuel des choses, le travail d'enquête s'est effectué à 50% sur base des textes disponibles (c'est-à-dire pas grand chose) et à 50% sur le terrain en allant tout simplement vérifier ce qui est disponible matériellement dans les différentes zones. Cependant, un dernier point reste à aborder avant de clore ce chapitre du lore de la Tyrie, point sur lequel je n'ai encore une fois que des éléments de réflexion à vous apporter : l'état actuel (en 1328 Ap.E.) des zones de profondeurs de Maguuma. Il semblerait qu'une écrasante majorité des vestiges précédemment cités aient été détruits. Pour cela, je propose deux explications. La première : cela est peut-être le fait du réveil de Mordremoth et de la corruption qui l’accompagne (un peu comme pour Jormag avec certains sites jotuns). La seconde : peut-être des occupations plus récentes (comme celles des Éxaltés) qui ont essaimé des structures jusqu'aux contrées sauvages d’Argent. À l’heure actuelle, je n’ai malheureusement pas de meilleures explications à vous fournir.
Enfin, je tiens tout particulièrement à remercier Hubert Théodore et MICHEL pour leur aide, leurs pistes de réflexion et leur patience pour déchiffrer mon charabia lors des différentes phases de relecture.